La ballade des places de Paris ______________________________ Paroles : Lucien Boyer Musique : A. Stanislas Sur l'album "Brassens chante Bruant, Colpi, Musset, Nadaud et Norge" Ça naît un beau soir sur la Butte, Ça grandit on ne sait trop comment, Et puis d'cabrioles en culbutes, Ça tombe dans les bras d'un amant. Un joyeux petit gars de Montmertre, Pour deux ronds de frites un beau jour, L'initie aux joies de l'amour, Place du Tertre. Comme on n'peut pas vivre sans galette, Un jour qu'on n'a rien à briffer, Qu'on va vendre des violettes A la terrasse des grands cafés. La frimousse est plutôt pas mal, Et tent' le pinceau d'un rapin, Alors on pose les "Diane au Bain", Place Pigalle. La peinture c'est beau mais c'est triste, Et ça manque un peu d'essentiel, Faut pas compter sur un artiste Pour se meubler chez Dufayel, On a d'la poitrine et des hanches Et l'on produit son petit effet, Alors sur l'coup d'minuit on s'fait, La place Blanche. Puis pour un nom à particule, On change le sien, trop roturier, On brode une couronne majuscule Sur son bicéphale armorié. On s'appelle Gisèle de Brantôme, Ou Sophie de Pont à Mousson. Et l'on promène son écusson, Place Vendôme. Mais ça n'dure qu'le temps d'un caprice, Inconstant, Paris, s'est lassé Et passe à d'autres exercices, Délaissant le joujou cassé C’est alors qu'le bourgeois vous loge Tout en lésinant sur les frais Dans un vieil hôtel du Marais Place des Vosges. Mais l' bourgeois qu'est plein de principes Vous quitte pour raison de santé. Tout ce qu’on a de meubles et de nippes S’en va finir au mont de piété On d'vient "la fée au maillot jaune" Qu'admirent sur les tréteaux forains Les artilleurs du fort voisin, Place du Trône. Puis viennent la débauche et la boue, L'amour, ah ! quel métier d'enfer ! Et le dernier acte se joue La nuit sur un trottoir désert. Dans les fumées glacées de l'aube Comme on ramasse un chien crevé, On l'a r'trouvée sur le pavée, D'la place Maube